Anne
VALLERON
Dans mon établissement
de La Garenne Colombes, on était 4000 il y a 2 ans, 2500 aujourd'hui.
3ème plan
en avril 2007 avec accord de méthode et des mesures.
Intérêt pour l'employeur : éviter la 2ème consultation.
Intérêt pour les salariés : prévoir des accords
sur le plan du volontariat, et une gestion des compétences sur
le plan des métiers, en fait une visibilité du salarié
sur ses possibilités pour l'avenir (à un moment donné
chaque salarié n'a pas une vision claire sur ses possibilités
dans l'entreprise de façon à pouvoir partir à temps).
Les grandes entreprises
parlent souvent de se recentrer sur leur coeur de métier, ce n'est
pas une mauvaise chose. Quand on est par exemple dans le métier
du chauffage, l'avenir n'est pas très clair. Quand on est chez
un spécialiste du chauffage, les possibilités d'avenir ne
sont pas les mêmes. Celui qui veut se la couler douce se trouvera
bien chez PSA. Celui qui voudra s'élever, il sera mieux chez le
chauffagiste.
Premier "plan
social" de 2007 avec des départs.
Deuxième "plan"
en décembre 2008 pour 3700 personnes. Au bout de 2 mois, on était
à 1300 départs, les départs se poursuivent normalement.
Le problème, ce ne sont pas les départs, que ce soit pour
une retraite anticipée, trouver un autre job, créer son
entreprise. Le problème, c'est pour ceux qui restent et auxquels
on va imposer une mobilité, car les postes qui restent ne sont
pas forcément sur place. La mobilité forcée est toujours
un drame : c'est plus difficile pour un ouvrier que pour un ETAM, pour
un ETAM que pour un cadre. Chez PSA, on a un accord sur la diversité
de l'égalité professionnelle qui prévoit dans son
article 5 : le conjoint du muté se voit automatiquement proposer
un poste.
Le marché
réclame des petites voitures. L'année dernière, la
presse a parlé de la fermeture du site d'Aulnay. Or, ce site va
de mieux en mieux, il est rentable, il n'est plus question de le
fermer. Quand un site va mal, on retrousse les manches et on cherche une
solution. AULNAYE travaille même le samedi : ils fabriquent des
C3 et C2, ils se sont mis en mono flux. Les salariés sont en mobilité
temporaire vers Aulnay, qui l'aurait dit il y a deux ans ? Rien n'est
jamais perdu. Un plan sur la base du volontariat est quand même
un plan, c'est un PSE. Cela protège les salariés.
Il y a des réactions
de salariés surprenantes. On pourrait penser que la direction fait
pression sur les salariés pour qu'ils adhèrent. Mais la
direction empêche aussi certains salariés d'adhérer.
A la suite du premier plan, il y a eu hémorragie de cadres dirigeants,
ce n'est plus possible aujourd'hui. Des salariés veulent saisir
le CPH pour refus d'adhésion au plan, ce qui est un comble. Il
y a ceux qui veulent partir et ceux qui veulent être mis à
la retraite avec sommes non imposables. Chez PSA, les conventions de la
Métallurgie s'appliquent, les mises à la retraite ne sont
possibles que si on embauche, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui.
En ce moment, cela
flotte pas mal chez PSA. 2 points de crispation :
- le renouvellement des instances dirigeantes, le remplacement de sexagénaires
par 4 quadras ;
- les rémunérations des cadres.
5 notations :
- 1. on est excellent
- 2. on est très bon, cela représente 20% de la population
- 3. on est juste bon
- 4. on est insuffisant
- 5. les prestations sont inacceptables. (20%)
Les performances
sont liées aux augmentations salariales. Même les bons peuvent
ne pas avoir cette année d'augmentation (c'est le cas de 500 cadres).
Nous faisons beaucoup d'adhésions, de la secrétaire au directeur
en passant par les TAM et les cadres.
Q: Est-ce que cela paie d'avoir des
adhésions ?
R: Oui. Quand on obtient un rendez-vous,
on fait un compte-rendu dans les 2 heures. Il faut faire et faire savoir.
Quand on défend nos collègues, on est présent aux
entretiens préalables, et on en sauve.
La plupart de nos RH ne connaissent rien au droit du Travail. Quand on
arrive avec le Code sur la table (je suis CPH depuis 6 ans), j'ai suivi
les excellentes séances de formation de l'UD 92 et de la Conf.
Nous sommes un syndicat catégoriel, on défend les ETAM et
les cadres.
Les ETAM veulent devenir cadres. Pour cela, on travaille sur les FONGECIF.
On a obtenu le remboursement par PSA des frais d'inscription au CNAM.
Il faut aussi utiliser la technique de la pelure d'oignon. Si on demande
tout d'un coup, on vous jette. On a plus de chances en demandant seulement
un petit truc à la fois. J'ai été animatrice à
un séminaire à SOCHAUX avec 2 AM par site. Le congé-formation
donne droit à 12 jours par an On a fait parler nos gens, ils nous
ont dit que cela leur faisait du bien. On va monter cette année
un séminaire des secrétaires qui ont des problèmes
spécifiques C'est un métier sensible en pleine évolution.
On va faire la même chose pour les jeunes cadres.
L'idée est d'apporter du dialogue, du contenu et surtout de ne
pas nous représenter nous-mêmes. Trop souvent, dans les négociations,
nos mandants ne représentent qu'eux-mêmes, ils n'ont pas
pris la température du terrain et de faire remonter les vrais besoins.
Jean-Christophe
JARYSTA.
J'ai 45 ans, suis
syndiqué depuis 93, basé sur le site de RUEIL en ingénierie
mécanique.
Le lobbying européen
demande beaucoup de temps pour peu de résultats.
RENAULT comprend 11 sections syndicales, le nombre d'adhérents
est sensiblement le même que chez PSA, on est la 2ème O.
S. derrière la CGT.
La CFDT est la 4ème O. S.
Notre PDG a une communication
un peu différente.
Réduction du marché de 20 à 30% pour 2009 et début
2010. Diminution du CA, de la trésorerie, besoin de fonds de roulement,
on produit, on vend, on paie nos fournisseurs après.
L'avance de trésorerie sur 90 jours,
il faut la rembourser, on a besoin de cash supplémentaire. Si on
passe de 90 à 60 jours, on a besoin
d'un fonds de roulement supplémentaire. On va chercher auprès
des banques, mais les prêts passent de 3 à 9%. Quant à
nos équipementiers, ils ne peuvent plus emprunter.
Actions en interne pour être en mesure de démarrer quand
le marché redémarrera. Nos équipementiers doivent
être au rendez-vous, mais ils sont dans un état encore plus
lamentable que nous. Il y en a en faillite. Nous avons le devoir de les
préserver.
Conséquence : baisse de production, on a viré les précaires,
puis les prestataires. Mise en place de chômage technique, dont
45000 jours au premier trimestre 2009, 35.000 en 2008.
Réduction des coûts de 10% au point de vue main d'uvre
de structure en fabrication comme en ingénierie. Intéressement
quasi nul. Augmentation des salaires nulle, sauf pour les promotions.
Réduction des investissements. Abandon des projets de véhicules
devenus non rentables avec la crise. Retardement de certains projets par
exemple à l'international (Maroc, extension Roumanie
)
L'Espagne est touchée par le chômage comme nous. Chômage
technique même en Roumanie où on fabrique la Logan.
Au Comité
européen, je défends les intérêts des Français.
Problème de la répartition de l'activité entre pays.
Les Espagnols sont venus manifester en France. Pourtant, le chômage
est plus important à Sandouville.
Réduction
d'effectifs moins importante pour le moment que chez PSA, mais plan de
réduction mondial de 6000 personnes, dont 4000 en France (un seul
plan de réduction il y a 6 mois). C'est un plan par volontariat
avec primes intéressantes. Réduction à Sandouville
de 1000 personnes, soit presqu'un quart des effectifs. 90% de majorité
silencieuse. Quand on a creusé un peu, on a trouvé 2% de
la population qui voulait rester. C'est une opportunité.
Nous avions touché
une avance sur l'intéressement de 2008, avec solde en mars, 5000
personnes (ouvriers en majorité) auraient dû en rembourser
une partie. Il a fallu renégocier les critères.
Augmentation des salaires nulle. Les cadres sont attaqués de tous
les côtés. Les cadres de l'ingénierie devaient aider
les collègues des autres pays. Au bout de 2 ans, 3000 départs
volontaires à l'ingénierie.. Ensuite, on dit à la
population cadre vous n'aurez pas d'intéressement l'année
prochaine (qui représentait 1 à 1,5 mois de salaire) et
pas d'augmentation générale. Grosso modo, on perd un 13ème
et un 14ème mois. La négociation en cours avec le gouvernement
pour un chômage partiel payé à 100%, en contrepartie
les cadres pourraient donner pour 5 jours de chômage partiel une
journée à mettre dans un compteur pour compléter
les pertes de salaires des autres catégories. On
est dans un cumul de contraintes au niveau des cadres.
Une fois que ceci
a été annoncé, la DG a confirmé l'Arlésienne
qui serait le déplacement de l'ingénierie de Rueil vers
le Technocentre au Sud. Historiquement, l'ingénierie mécanique
à Rueil est plus soudée que le Technocentre où il
y a plein de directions collées les unes aux autres. Rueil est
beaucoup plus réactive, à influence CGT.
A partir du moment où RENAULT a accepté un prêt de
l'Etat, elle s'engage à renoncer à un 2ème plan de
licenciement B déjà prévu. Annoncer à 2000
personnes dont la majorité habite au Nord de Paris d'aller travailler
au Sud c'est incongru.
Q:
Vision à 5 ans de l'industrie automobile RENAULT avait des problèmes
internes que n'avait pas PSA.
A. V. : Les salariés ont un
doute. L'auto est un produit grand public. On a tous un avis. Quand on
discute avec nos experts près les CCE, on voit bien que l'industrie
traverse une crise, est-ce conjoncturel dans lequel cas on va repartir
rapidement, ou est-ce une crise structurelle liée à des
évolutions de comportement durable qui risquent de modifier à
terme le comportement. De plus, on est en région parisienne avec
une structure politique qui a tout fait pour décourager la voiture.
La voiture va quand même rester un outil de tous les jours. La crise
automobile ne frappe que le neuf. Le marché de l'entretien se porte
d'autant mieux que le parc automobile est plus vieux. PSA a vendu des
véhicules électriques, mais la clientèle n'était
pas là. Il y a 25 ans qu'on travaille sur la pile à combustible.
On est loin de l'industrialisation. Sur les véhicules électriques,
il y a diverses solutions dont les " racks " qu'on recharge
tous les 200 km. C'est possible, mais pas réaliste. Pour les véhicules
municipaux, cela marche. On continue des recherches sur les véhicules
électriques et hybrides, on ne sait pas lequel va aboutir. Dans
l'optique de développement durable, il faut examiner les émissions.
Q
: On a reproché à SARKOZY de faire du lobbying
pour l'emploi en France.
A.V. : L'industrie auto est lourde
et les frais logistiques sont tellement élevés qu'on ne
peut pas localiser si facilement que cela. Prenons l'exemple de l'usine
de VIGO en Espagne. Il y a 400 € d'écart à cause des
frais de retour.. L'Europe n'est pas un marché en développement
pour l'automobile. PSA reste exportateur, les usines sont restées
en France. Si on veut se développer en Russie, en Chine, on doit
fabriquer nos produits là-bas.
J. C. J. : On ne sait pas trop où
on va, chaque constructeur a une vue un peu différente. RENAULT
n'a pas beaucoup touché à l'électrique, on a passé
à côté de l'hybride (c'est NISSAN qui l'a développé).
On est en train de se recentrer sur l'électrique. C'est un pari.
L'électrique aujourd'hui n'est pas viable. Si FIAT a réussi
son redressement, c'est parce que le gouvernement et les provinces se
sont mis autour de la table et ont restructuré leur offre. A Turin,
il y a un centre d'études à côté de l'ingénierie
de FIAT, à la disposition de FIAT, les capitaux de FIAT sont 10%.
Imaginez un centre d'études financé à 90% par l'Etat.
Lorsque la province décide de passer l'autoroute là plutôt
que là pour desservir le centre d'ingénierie, cela a des
conséquences pour l'industrie. Ils ont fait des bassins de compétences
que nous n'avons pas su copier.
A.V. : Nous avons développé
un pôle de compétitivité en Alsace, un autre dans
les pays de Loire, mais on est encore loin du compte. A VIGO, on a su
le faire, c'est-à-dire une zone cofinancée à la fois
par les fournisseurs de l'automobile pour développer leur industrie
locale
Q
: Vous avez parlé des petits et moyens véhicules.
On assise au succès du grand PICASSO, quel est le retour d'expérience
de PSA du marché et des précédents modèles
Evasion et 806 ?
A.V.: 806 et Evasion, c'est du haut
de gamme pas adapté. Créneau très petit. On développe
le C3 Picasso qui vient de sortir polyvalent, davantage dans l'air du
temps.
Roue de secours : cela fait 20 ans qu'on essaie de la supprimer. Elle
ne sert pratiquement jamais, est inutile, c'est du poids, de la place,
du prix.
Indemnisation du chômage partiel chez PSA à 100% avec un
compteur crédit-débit. Le salarié qui chôme
25 jours doit rembourser 12 jours à l'entreprise. On négocie
la prolongation de cet accord. pour 45 jours et remboursement de 16 jours
tout en maintenant le salaire à 100%.
J. C. J. : Si on perd l'industrie,
on perd la majorité de la matière grise. RENAULT produit
à droite et à gauche, et on dit qu'on ne va pas délocaliser
l'ingénierie. Je suis inquiet pour la sortie de crise. Beaucoup
de choses se décident au niveau européen
A.V. : Contrairement
à Renault, PSA a décidé de ne pas faire de chômage
technique, c'est trop difficile à redémarrer. Si TOYOTA
a installé une usine à Valenciennes, c'est parce que cela
ne leur servirait à rien d'importer, les coûts logistiques
sont tels qu'ils n'y gagneraient rien. Les industries lourdes ne sont
pas délocalisables.
Q
: Quid
des aides de l'Etat ?
A.V. : Il y a un fonds spécial
destiné à aider les équipementiers à passer
la période difficile. Les équipementiers seront en tout
cas à côté des centres de production. Il y a 20 ans,
ce n'était pas le cas, on les a fait déménager, car
dès qu'il y a le moindre trouble, on plante la sortie des véhicules.
Le seul cas où ce n'est pas vrai, c'est quand on a de toutes petites
pièces.
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