RENCONTRE DU 10 JANVIER 2008
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invité
: DR.
ZAMBROWSKI
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Il enseigne également l'économie de la santé dans plusieurs universités francaises, dont Paris V Descartes, et donne régulièrement des cours à Paris IX, Dauphine, Paris XI, Science Po, l'Ecole Nationale de Santé Publique de Rennes, mais aussi à l'étranger. |
LA
SANTE VUE SOUS L'ANGLE ECONOMIQUE Les
médicaments : La consommation
classique dépend essentiellement des choix du consommateurmais
en ce qui concerne la santé, on ne choisit pas d'être malade.
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sait faire maintenant des choses inconcevables il y a 25 ans. Quand j'étais
étudiant en médecine, juste avant 1968, on estimait qu'une
personne qui avait une fracture du col du fémur, allait mourir
dans l'année parce qu'elle devenait grabataire. On n'avait pas
de solution sérieuse à leur proposer. La
santé n'a pas de prix mais elle a un coût. Comment
réduire ces coûts ? En France, l'hospitalisation
comme les affections de longue durée, les maladies chroniques
ou les associations de maladies sont prises en charge à près
de 100%. Près de 60% des dépenses
de l'assurance maladie sont consacrées exclusivement aux sept
millions de nos concitoyens en situation d'affection de longue durée
(ALD) prises en charge à 100%. (On y retrouve essentiellement
des personnes âgées, mais hélas aussi de jeunes
enfants). Mais ALD n'est pas obligatoirement incompatible avec une vie
normale, comme par exemple des diabétiques. L'OMS classe régulièrement la France " meilleur système de santé du monde " avec le Japon, sur un ensemble de paramètres (espérance de vie à la naissance et à 65 ans, incidence des maladies sévères, accessibilité au système de santé, temps d'attente pour l'accès à l'hôpital, etc). En Europe, le plus
ancien système généralisé est celui instauré
par Bismarck en Allemagne. En Angleterre, un système d'Etat a été instauré en 1942 (Welfare State). Il est financé directement par l'impôt. Les hôpitaux dépendent directement de l'Etat, et les médecins de ville sont payés forfaitairement pour une clientèle fixe de 3000 personnes, avec la possibilité de quelques centaines supplémentaires pour les meilleurs. Ce sont ces derniers qui sont gestionnaires d'une enveloppe de dépense de santé dévolue aux malades qui leur sont confiés. Le problème, c'est que vous n'avez pas le choix du médecin qui vous est imposé. Les délais d'attente pour une intervention chirurgicale peuvent y être relativement longs, et on n'opère plus les " patients considérés comme " trop âgés ". Economies obligent. Dans le budget de l'assurance maladie votée par le Parlement (environ 150 MM €), la moitié est destinée à l'hôpital. Cette dépense est indispensable pour permettre la qualité et la compétence, même si seulement 5% des Français sont hospitalisés et 5% y viennent pour des consultations, des urgences ou des actes particuliers chaque année. Les Agences Régionales
de l'Hospitalisation étaient chargées de la répartition
des autorisations d'activités hospitalières, de la création
de plateaux techniques, etc
A Paris, cas particulier ; les 32
hôpitaux sont gérés par l'Assistance Publique des
Hôpitaux de Paris, énorme administration dont les difficultés
de gestion ne sont pas de l'ordre du secret.
La tentative de mise en place du dossier médical informatique individuel pose des problèmes considérables non seulement techniques et financiers, mais surtout de confidentialité et d'éthique. A terme, il devrait éviter cette débauche de redondances inutiles et diminuer des risques de soins contradictoires. |
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QUESTIONS DES PARTICIPANTS Q
:
L'hôpital représente
50% des dépenses maladie. Or, si les dépenses de la médecine
de ville, de la pharmacie, des actes paramédicaux sont connus dans
le détail au centime près, c'est loin d'être le cas
pour l'hôpital dont la gestion reste des plus opaques. Q
:
Dans l'hôpital, les urgences font
un travail remarquable, mais sont peut être un peu trop encombrées
par des interventions qui ne relèvent pas de leur ressort, mais
plutôt de ce qui relevait autrefois des dispensaires peut être
trop tôt supprimés ? Q
:
Lors de tests de nouveaux médicaments
ou d'examens pour les besoins d'une thèse d'un interne, il n'était
guère coutume d'en informer le malade. Qu'en est-il désormais
? Q
:
Certains pays ne fabriquent-ils pas des
génériques de médicaments encore couverts par la
protection des brevets ? Q
:
L'augmentation du coût de la santé
plus rapide que le PNB est probablement due en partie au vieillissement
de la population. Mais y a-t-il des solutions pour revenir à l'équilibre
? Q
:
Dans certains pays, l'assurance généralisée
ne couvre que les gros risques, les petits soins et maladies bénignes
restent à la charge du malade ? Q
:
L'obligation du médecin référent
n'est il pas un inconvénient ? Q
:
Qu'en est il du projet de dossier médical
individuel ? Q
:
Certains médecins ne sont ils
pas responsables de la surconsommation de médicaments ? Q
:
Existe-t-il une formation continue pour
les médecins ? Q
:
Pourquoi ne peut on pas acheter les médicaments
en supermarché ? Cela ferait probablement baisser les prix ? Nota : L'automédication peut avoir des conséquences imprévisibles, et pas seulement sur la santé des malades. L'exemple de Bayer a retiré il y a quelques années un anti cholestérol du marché parce que plusieurs décès ont été constatés aux USA par des patients qui l'avaient utilisé. L'enquête a montré plus tard que ces décès étaient dus à l'utilisation simultanée avec un autre médicament d'un concurrent américain pris à trop forte doses, dont la dangerosité a été démontrée par la suite et a été depuis retiré du marché. L'opération a coûté des millions de dollars à Bayer.
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