RENCONTRE DU 6 0CTOBRE 2005
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Invité :
Michel Cotilleau Président d'AVENIR-ECOLE CFE-CGC
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Michel COTILLEAU préside le syndicat AVENIR ECOLE, syndicat qui
au sein de la CFE-CGC représente la fonction publique de l'enseignement
primaire.
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INTERVENTION
DE MICHEL COTILLEAU
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Après l'école normale, et une longue carrière
avec le titre d'instituteur, je suis depuis 2003 " professeur des
écoles " par liste d'aptitude car je n'ai pas voulu passer
le concours qui me semble être une escroquerie intellectuelle.
Ce parcours a été toutefois interrompu un an ½
par une incursion dans le privé, dans le cadre d'un congé
de mobilité, après quoi j'ai voulu créer ma propre
entreprise, projet pour lequel j'ai bénéficié de
nombreux soutiens, sauf celui des banques. J'ai donc mis fin à
ma mise en disponibilité et suis retourné à l'éducation
nationale. Dès la première année, et malgré notre
petite taille, nous avons obtenu 1300 voix, soit 0,62%, ce qui nous
a donné droit à 3 décharges ½ de service
; ce qui permet d'avoir des permanents ou des semi permanents. Dans le cadre de l'enseignement primaire, une dizaine de syndicats
se présentent, dont :
Ces syndicats se répartissent en deux camps : les syndicats
réformateurs et les syndicats conservateurs, sachant que les
conservateurs sont encore largement majoritaires. Ceux qui s'affiliaient auparavant à la FSU croyaient qu'en adhérant au syndicat largement majoritaire, on avait des chances d'être mieux défendus, et se rendent compte progressivement qu'il n'en est rien. En fait de syndicat de défense, il ne fait que de la cogestion avec l'administration et de ce fait évite de prendre des positions qui risquent de remettre en cause un certain pouvoir. LES ORIENTATIONS D'AVENIR ECOLE : C'est avant tout un syndicat " force
de propositions ". Au delà des discours syndicaux habituellement diffusés par les media, nous considérons que les moyens existent, mais sont très mal répartis. Nous nous battons sur cette proposition d'établissement d'enseignement primaire depuis 1999, repris dans la loi de décentralisation d'août 2004, qui offre la possibilité aux communes de l'expérimenter. Seul hic, le ministère n'a pas publié les décrets d'application. Dans ce schéma, le directeur d'école devient un chef d'établissement, avec les mêmes pouvoirs qu'un chef d'établissement du secondaire, c'est à dire tous les pouvoirs pour faire fonctionner son établissement (sans aller jusqu'au pouvoir de notation, qui risquerait d'entraîner une guerre inutile) et devenir l'interlocuteur vis à vis des collectivités locales, des parents et de l'administration. Nous travaillons également sur l'évolution du métier d'enseignement. L'école publique qui fonctionne depuis Jules Ferry a peu évolué depuis, ni dans ses structures ni dans son fonctionnement. Nous avons réfléchi à des parcours professionnels diversifiés dans une filière de métier dans l'éducation et la formation. Au lieu d'être à la remorque de ce qui se fait partout ailleurs, l'éducation nationale doit être moteur dans la société. Et mettre en place des bilans de compétence, la VAE etc Il faut surtout réfléchir à l'aménagement des fins de carrières. Par exemple, nous proposons que pendant les 5 dernières années de sa carrière, un enseignant ait un service partagé entre son service d'enseignement et du tutorat pour transmettre des savoir faire aux plus jeunes, car il y a actuellement une terrible perte des compétences. Nos propositions reçoivent souvent
un accueil favorable au ministère, qui à l'occasion sont
reprises, mais c'est pour se heurter généralement au blocage
systématique des syndicats conservateurs majoritaires. |
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QUESTIONS DES PARTICIPANTS Q
:
Le
ministère de l'Education Nationale s'est appelé autrefois
ministère de l'instruction publique. L'éducation ne fait
pas parti des fonctions régaliennes de l'Etat. Est-ce donc à
l'Etat que de s'en occuper? Q
:
Il y a quelques années,
quelqu'un qui rentrait à l'éducation nationale avait tout
intérêt à se syndiquer s'il voulait être assuré
d'avoir de bonnes notes et des mutations intéressantes. Qu'en est
il aujourd'hui? Q
:
Un DDTEFP nous disait ici même il y a quelques
années : " Lorsque vous mettez vos enfants dans les mains
de l'éducation nationale, vous les mettez dans les mains de gens
qui sont rentrés à l'école à 5 ans et qui
y sont toujours "? Q
:
On nous dit que les élèves s'ennuient
à l'école, que les contenus pédagogiques ne correspondent
pas au monde réel, et que de nombreuses filières et diplômes
ne débouchent que vers l'ANPE. Les pédagogies prêchées
par les pédagogues professionnels correspondent-elles à
la société actuelle? Q
:
Beaucoup de filières et d'enseignements
ne correspondent pas aux besoins de la société. Q
:
Le rôle d'un syndicat est de défendre
les droits de ses membres. De quel droit un syndicat aurait la charge
ou le droit de décider du fonctionnement, de ce qui doit être
fait, de ce qui doit être enseigné et de la manière
de le faire ? On peut citer bien des cas par exemple de mutations qui
auraient été impossibles sans une affiliation à un
de ces puissants syndicats. Q
:
Avec la création des IUFM, s'il n'est pas
reçu en fin d'études, un jeune même avec bac+6 de
langues ou d'histoire par exemple se retrouve sans métier et bon
pour l'ANPE. Personne ne lui a expliqué ce risque lorsqu'il s'est
lancé dans ses études ! Quel pourrait être le rôle
d'un syndicat d'étudiants dans ce domaine ? Nota : L'ensemble de l'éducation nationale représente plus d'un million de salariés. Même si une réforme était avalisée par plus de 70% des membres de cette institution, il serait bien rare de ne pas en trouver 10.000 pour s'y opposer et organiser une manifestation dont l'ampleur sera suffisante pour faire capoter le projet. Q
:
Le corps enseignant ne vit pas en harmonie avec
la société ; ne connaît pas la précarité,
la productivité, les plans sociaux. S'il est certain que du stress
existe dans l'enseignement, si des salariés de l'entreprise essaient
d'intégrer l'enseignement, c'est peut être parce que c'est
pire dans l'entreprise. Il y a une totale méconnaissance de nombreux
enseignants de la vie de la cité. Q
:
On constate souvent un mépris affiché
vis à vis des parents d'élèves, avec l'assurance
du tout savoir mieux qu'eux. Un plus grand échange d'idées
entre enseignants et parents d'élève ne serait il pas bénéfique
? Nota : coté parent d'élève, tout existe : les parents qui se désintéressent totalement de ce que fait leur enfant à l'école, ceux qui sont persuadés que leur génie de petit ange n'est pas considéré à sa juste valeur, mais il y a aussi ceux qui sont parfois scandalisés par les méthodes d'enseignement et les contenus de certains enseignements et des manuels scolaires à la limite du scandaleux et de la désinformation. Q
:
Un service public peut être assuré
par le privé. C'est le cas pour l'enseignement dont une part importante
est assuré par des écoles privées. Avec les problèmes
que l'on sait et une demande croissante vis à vis du privé,
à laquelle il ne peut répondre faute de moyens suffisants.
Ne peut on pas imaginer en France un débat serein sur le sujet
et sortir de cette guerre scolaire d'un autre âge ? Q
:
Qu'en est il du stress chez les enseignants et de
la santé au travail ? Q
:
Passer de l'industrie, du privé à
l'éducation nationale, en particulier pour faire bénéficier
les plus jeunes de l'expérience professionnelle des plus anciens
est une gageure, et lorsque elle se fait c'est dans des conditions plutôt
défavorables pour l'intéressé ? Q
:
Qu'en est il en réalité du temps de
travail réel, des rémunérations et des congés
des enseignants? Q
:
Dans beaucoup d'autres pays européens, il
y a un lien entre le monde de l'entreprise et le monde de l'enseignement.
Dans certains cas, les enseignants ont l'obligation de travailler pendant
certaines périodes dans des entreprises, acquérir ainsi
une expérience différente et rester en contact avec la société
extérieure au milieu. HB |