Il y a eu un débat sur l'énergie en 2003
et un projet de loi d'orientation sur l'énergie est déposé
à l'Assemblée nationale
Le prix du baril est actuellement au plus haut aux environs
de 40$, qu'est-ce qui permet de le formater.
LA DEMANDE :
Quelle que soit son origine, l'énergie se décline en "Tonnes
- Equivalent Pétrole : TEP".
Plus un pays se développe plus il consomme d'énergie.
Les modes de développement ne sont pas forcément les mêmes
selon les pays. Les américains et les canadiens sont 2 fois plus
" énergivores " que nous en Europe du Nord. Les pays
dits en voie de développement Inde et Chine ne consomment pas
encore beaucoup mais aspirent au développement. Quelle courbe
vont-ils suivre au niveau mondial ?

La consommation au niveau mondial a été en 1973 de 5.5
milliards de TEP ; 9,2 aujourd'hui et en 2010 près de 11,1 milliards,
soit une croissance moyenne de presque 2% par an entre 73 et 90 malgré
deux chocs pétroliers
La Chine produit peu de pétrole (3 millions de barils/j), mais
sa consommation qui était en 86 de 2 M de barils/j est passée
à environ 6 M, et a augmenté entre 13 et 17% sur les 3
premiers mois de cette année. Son développement spectaculaire
pèse sur le marché mondial donc sur les prix.
LE
PRIX DU PETROLE :
Il est très difficile de comprendre l'évolution du prix
du pétrole. Le prix du brut est lié au prix du dollar,
aux stocks (seuls sont connus ceux des pays de l'OCDE), à demande,
mais aussi à des facteurs géopolitiques.
Sa remontée actuelle à 40$ le baril ne correspond pas
à une augmentation de la demande. Il faut compter aussi avec
des actions spéculatives. Rien n'indique que sur le long terme
il faille s'attendre à une baisse de ses cours.
LES FORMES DE
L'ENERGIE :
Elles ne croissent pas toutes à la même vitesse.

Le charbon :
C'est une énergie en voie de disparition en France. Les USA fabriquent
50% de leur électricité à partir du Charbon. Il
reste essentiel en Inde et en Chine.
Le nucléaire :
Il a la croissance la plus lente avec 1,1%,
L'hydraulique :
Sa croissance est de 1,9%
Les énergies "renouvelables":
Elles augmentent de 3,7% (bois, vent, solaire, géothermie..).
Le gaz naturel :
Il croit plus vite et est en train de se développer sur le marché
de l'électricité. De presque rien en 1973 il arrive à
1/3 de la production électrique avec les turbines à gaz,
sauf en France où il est devancé par le nucléaire
et l'hydraulique, contrairement au Royaume Uni, en Allemagne, aux USA
où c'est le gaz qui connaît un développement triomphant.
Le gaz a aussi des débouchés dans l'industrie et dans
le chauffage résidentiel, moins dans la pétrochimie.
Le pétrole :
Il reste en tête avec 90 Millions de barils/jour. Son usage est
de plus en plus spécialisé dans les transports. Les carburants
(essence ou diesel) représentent 53% des débouchés
du pétrole. Le pétrole, qui est sous forme liquide, est
pour l'instant très compétitif dans le domaine des transports.
Il est aussi utilisé pour le chauffage. La consommation de carburant
pour les véhicules croit encore de 2% par an en Amérique
du nord, alors qu'en Europe, elle n'augmente quasiment plus (0,3%).
Par contre, en Europe, 60% des véhicules neufs sont des Diesel.
Cela pose désormais un problème d'approvisionnement du
carburant Diesel, que nos raffineries européennes ne produisent
plus en assez grande quantité. On travaille régulièrement
à la qualité des carburants, pour la préservation
des moteurs et de l'environnement, en particulier en faisant diminuer
la teneur en soufre (on vise des carburants sans soufre pour 2009).
On espère avoir résolu les problèmes de pollution
par les moteurs d'ici à 2020.
LES ACTEURS DU MARCHE
PETROLIER :
TOTAL représente 2% de l'ensemble du marché et l'ensemble
des grands (SHELL, BP, TOTAL, EXXON etc
) possèdent environ
5% des réserves mondiales et 17% de la production. Les réserves
et la production sont en grande majorité dans les mains des pays
producteurs (Arabie Saoudite, Iran, Irak, Venezuela etc
). Une
partie de ces pays, regroupés au sein de l'OPEP, essaie de maintenir
le niveau des prix du marché en agissant sur leur niveau de production.
On voit bien que Total, 1ère entreprise industrielle
française, 4ème compagnie pétrolière mondiale,
avec ses 2% des réserves et malgré des perspectives de
développement importantes, a peu de chance d'influencer ou de
déstabiliser le marché de manière importante.
LES RESERVES :
Elles ont beaucoup progressé depuis 10 ans parce que l'on a fait
beaucoup de travaux en technologie et en investissements. Aujourd'hui
on les estime dans le pétrole à 43 ans et dans le gaz
naturel près de 70 ans. En 1970, on pensait qu'il ne restait
que 28 ans de réserves de pétrole, alors que depuis, la
production n'a fait qu'augmenter. On n'en connaît pas la limite,
mais elle existe forcément.
Les 2/3 des réserves connues sont au Moyen Orient,
le reste se trouve en Afrique et en Amérique Latine et de moins
en moins en Europe et en Amérique du Nord, sauf pour le gaz naturel
pour lequel la Russie/CEI pèse d'un poids relativement important.

Les gisements s'épuisent de l'ordre de 5%/an. Les
investissements font appel à des technologies de plus en plus
évoluées. On développe actuellement des gisements
dont l'exploitation était inimaginable il y a 20 ans : On exploite
par 1400 m de profondeur d'eau au large de l'Angola ; des gisements
à très haute température en mer du nord et des
huiles extrêmement visqueux au Vénézuéla.
La fusion TOTAL FINA ELF a facilité cette évolution,
en regroupant des moyens pour faire face aux défis futurs.Toutefois,
il est encore trop tôt pour savoir si nous n'allons pas vers une
limite dans les années 2020.
LE FUTUR :
On peut penser à un renouveau du gaz mais il faut le faire venir
d'Afrique, d'Asie ou de Russie par gazoducs.
Pour ce qui est du nucléaire, les décisions politiques
ne sont pas encore prises (mais elles ne sauraient tarder).
Mais TOTAL est présent dans les énergies renouvelables
: depuis plus de 20 ans sur les marchés par l'énergie
Photovoltaïque et depuis plus de 10 ans dans les biocarburants
(MTBE qui est mélangé à l'essence, esther de Colza
pour le Diesel, prototypes de moteurs à hydrogène, nous
nous intéressons aussi à l'énergie éolienne.
EN CONCLUSION :
C'est un débat passionnant au niveau de notre
industrie où il va se passer énormément de choses
dans le futur, c'est surtout un débat qui est lié à
la demande et au développement de notre planète. Les hydrocarbures
constituent encore l'énergie dominante, les limites actuelles
connues pour le pétrole de 2020 et le gaz naturel peut-être
de 2040 n'exclue pas que l'on rencontre d'ici là des situations
de pénurie.
QUESTIONS
DES PARTICIPANTS :
Q : L'usage du gaz pour la production électrique a
surtout augmenté dans les pays producteurs de gaz, comme le Royaume
Unis, ou pour palier au refus de développement du nucléaire.
En France, il y a eu aussi le frein de l'EDF (opposé dans ce
cas à GDF), aux projets de " cogénération
". En Afrique du Sud, on a vu le développement original
de fabrication de carburant à partir du charbon (projets SASSOL)?
R : il y a eu des politiques énergétiques
très variées suivant les pays. Chez nous, on a développé
l'hydroélectricité et le nucléaire à partir
des chocs pétroliers. Au USA 50% de l'électricité
est produite par le charbon. Toute l'électricité britannique
qui était au charbon est maintenant faite à partir du
gaz. Les Sud-Africains, ont voulu développer une énergie
à base de gazéification du charbon pour se protéger
des embargos, procédé extrêmement coûteux
qu'aucun autre pays n'a voulu imiter.
Q : Les pots catalytiques ont fait
diminuer une certaine pollution mais ont aussi augmenté le rejet
de gaz carbonique puisqu'ils augmentent la consommation ?
R : C'est vrai que pour améliorer
la protection de l'environnement il faut parfois consommer plus d'énergie.
C'est le cas aussi pour les carburant sans soufre puisqu'il faut davantage
raffiner pour fabriquer ces carburants. Si demain on voulait par exemple
organiser la capture du CO² pour l'empêcher de se propager
dans l'atmosphère, ça coûterait aussi de l'énergie.
Q : Quels risques
font courir les troubles géopolitiques dans les pays qui possèdent
les réserves pétrolières les plus importantes :
Moyen Orient, CEI, Venezuela
?
R : C'est un sujet connu depuis
longtemps. Dans l'histoire, le Moyen Orient a toujours réussi
à délivrer sa part qui est aujourd'hui entre 30 et 35%
du pétrole mondial. Il y a des risques comme par exemple le blocage
du détroit d'Ormuz à la sortie du golfe.
La communauté internationale essaye d'agir sur la sûreté
des transports maritimes.
Si un pays comme l'Arabie Saoudite cessait de délivrer sa quote-part
du jour au lendemain, on aurait un nouveau choc pétrolier.
C'est vrai que le pétrole est concentré dans des pays
peu faciles mais le Groupe Total est né là-bas, en 1924
avec la création de la CFP en Irak. Le Moyen-Orient est un sujet
qui continuera à faire parler dans le futur.
Q : On constate depuis
plusieurs semaines une tension au niveau du prix du baril. A partir
de quel seuil on peut parler de choc pétrolier ?
R : Les 40$ le baril actuels ne
sont pas les mêmes qu'au moment de l'invasion du Koweït par
l'Irak, ni lors du 2ème choc pétrolier en 1979. Le dollar
a dévalué depuis.
Q : Qu'est-ce qui
pousse les pouvoirs publics à favoriser le diesel par rapport
à l'essence.
R : Le transport routier par camions.
Le piège dans lequel les gouvernements se sont enferrés
était de ne pas pénaliser le transport des marchandises
et finalement de ne pas réussir à faire de distinction
entre gasoil routier et gasoil pour les véhicules particuliers.
Actuellement, 60% des Véhicules particuliers neufs sortent en
diesel.
Quelques arguments en faveur du diesel, 1 l / 100 km en moins ; quelques
inconvénients environnementaux qui seront résolus par
l'installation de filtres à particules.
Le problème c'est qu'à partir du pétrole brut,
la distillation donne un pourcentage de carburant diesel qui ne dépend
pas de la consommation. En France on est amené à exporter
de l'essence et importer massivement du Diesel. Il a fallu aussi convertir
en carburant Diesel d'autres composants du brut, ce qui est une opération
coûteuse.
C'est ce qui explique cet engouement en faveur du bio-diesel, qui peut
être un facteur de diminution de nos importations de Diesel, en
le remplaçant par de l'énergie renouvelable locale, plutôt
que pour l'éthanol et le MTBE, qui reviendrait à subventionner
nos exportations d'essence
Q : Comment SHELL
a pu s'apercevoir récemment que ses réserves avaient été
surévaluées d'un montant de près de 20% ?
R :. Nous n'avons pas compris plus
que vous le problème de SHELL. Lorsque l'on a du mal à
renouveler les réserve on peut être tenté d'arrondir
les chiffres, mais de la part d'une maison comme SHELL c'est un vrai
drame qui peut jeter la suspicion sur tous les autres pétroliers.
Q : Dans les rapports
financiers vont maintenant être ajoutées des informations
concernant le développement durable, et les relations avec l'environnement.
Vers quelle piste il faudrait tendre ?
R : Depuis 2002 on a pris l'habitude
de publier un rapport environnemental et sociétal en même
temps que le rapport financier. Nous avons pensé que cela pouvait
apporter une meilleure compréhension des enjeux de l'entreprise.
On nous croit souvent insensibles plus préoccupés à
faire des profits qu'à s'occuper d'environnement ou d'équité
sociale. On a ressenti le besoin de nous expliquer là-dessus.
Une deuxième édition de ce rapport sort la semaine prochaine
lors de notre Assemblée Générale.
Q : Quelles sont les
réserves en Algérie et au Sahara, particulièrement,
et quelles sont les relations de Total avec l'Algérie.
R : Il y a des réserves de
pétrole qui se sont un peu épuisées et des réserves
importantes de gaz, qui constituent une partie non négligeable
de l'approvisionnement de la France et de l'Europe du Sud. Cela reste
tout de même modeste au niveau mondial en comparaison avec les
réserves de l'Iran du Qatar et de la CEI. Le groupe est producteur
d'hydrocarbures en Algérie et nous faisons un peu d'exploration.
Nous espérons que les bonnes relations entre la France et l'Algérie
continueront à développer notre fonds de commerce dans
cette région.
Q : Avez-vous l'impression
que les aspects sociaux et sociétaux peuvent représenter
un facteur de compétitivité important vis-à-vis
de nos concurrents.
R : C'est un facteur de 2ème
niveau, le 1er niveau est que c'est devenu un élément
incontournable de l'efficacité et de la réussite du développement
durable. A l'occasion de nos projets, on s'engage à contribuer
au développement économique et social des communautés
qui nous accueillent. Ne pas le faire serait se condamner à des
difficultés graves, ( par exemple le blocage des chantiers).
Il est donc vital de recruter des ressources humaines de qualité
et les développer, travailler la relation civile locale avec
les sociétés locales.
C'est un élément de compétitivité qui découle
du fait que si on est bien intégré et accepté,
on nous choisira pour ces raisons de préférence à
d'autres.
Q : Cela va devenir
fondamental et la qualité de ce rapport sera analysée
par des agences de notation. A la CGC on travaille avec l'ORSE qui a
déjà sorti un certain nombre de documents sur le sujet.
La notion de développement durable fait partie des notions importantes
au sein des conseils d'administration des entreprises et des préoccupations
de l'institut français des administrateurs. La manière
de se conduire aura de plus en plus un impact sur l'attitude des fonds
d'investissements et les actionnaires futurs. Dans le futur les gros
actionnaires porteront une grande attention au respect de ces valeurs.
R : Après la publication
de ce rapport j'ai rencontré beaucoup de monde mais j'ai très
peu vu le monde syndical français intéressé pour
dialoguer autour de ces documents. Nous publions un autre rapport la
semaine prochaine, nous apprécierons de vous voir témoigner
de votre intérêt et attendons vos remarques. Nous positionnons
ce rapport comme un instrument de dialogue.
Q : On entend dire
que fabriquer un éolienne consomme plus d'énergie qu'elle
n'en produirait jamais
R : Si cela était vrai pour
les capteurs photovoltaïques, ce ne l'est pas pour les éoliennes.
Q : Quelle est la
limite de la quantité de colza que vous pouvez mettre dans du
diesel et la raison de la limite.
R : Aujourd'hui c'est 5% (limite
administrative et non technique) et on en met actuellement 1%. Il serait
logique qu'on encourage le développement du bio-diesel. Sur des
flottes captives on s'autorise à en mettre jusqu'à 20%.
La limite est liée à la surface des terres à y
consacrer.
On peut passer de 1 à 2% mais c'est à l'Etat le décider
(défiscalisation du bio-carburant)
Q : Quid du GPL dont
vous n'avez pas parlé ?
R : Le GPL ne représente
que 5% de la production à partir du pétrole . Il est,
surtout destiné au chauffage, parfois au process, et une petite
fraction seulement au GPL carburant. Il va perdre rapidement ses avantages
environnementaux avec l'amélioration des motorisations à
l'horizon 2010.
Q : Certaines sociétés
ont des accords avec des pétroliers russes, est-ce que les problèmes
avec le gouvernement russe peuvent avoir une influence.
R : A la différence de BP,
nous n'avons pas d'accord avec les pétroliers russes. Les règles
du jeu en Russie ne sont pas encore stables. Il y a encore beaucoup
de réserve de pétrole liquide et encore plus de gaz.