RENCONTRE DU 2 OCTOBRE 2003
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Invitée :
Madame Eloïse VERDE-DELISLE D R S d'IBM France |
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Intervention de Madame Eloïse VERDE-DELISLE J'ai rejoint IBM France depuis 2 ans, et en tant que Directeur
des Relations Sociales. En cette qualité, je préside le
CCE, et le C S P , instance où sont négociés les
accords. Les rattachements hiérarchiques sont à la
fois régionaux et européens. La politique générale
est dans ses grandes lignes dictée par les Etats -Unis. En sus, un système de rémunération
variable et de récompenses discrétionnaires, fonction
des performances collectives et individuelles existe. Comme dans d'autres grands groupes internationaux, la
spécificité de notre réglementation
sociale est mal connue de nos dirigeants mondiaux. Des négociations sont en cours : l'une réforme
notre PEE, avec une amélioration de l'abondement, l'autre souhaite
clarifier nos règles en matière de mobilité professionnelle
et géographique. Nous attendons les décrets sur la réforme
des retraites pour ouvrir les négociations sur la mise en place
des nouvelles possibilités.
P : Quand on a passé
pendant 4 ou 5 ans, 50% de son temps à une activité syndicale,
on a quelque risque de se retrouver décalé par rapport
à l'évolution de son métier d'origine. L'idée
est de prévoir dans un accord sur le droit syndical dans l'entreprise,
la possibilité, après une période plus ou moins
longue et active de syndicalisme, de pouvoir
revenir par le biais d'un accompagnement, à son métier
d'origine et avoir une évolution professionnelle normale
(par exemple bilan de compétence, formation de remise à
niveau, d'évolution professionnelle etc
). P : Un des problème
du syndicalisme français est que le service rendu est le même
pour un affilié actif que pour un salarié non affilié
, parfois même hostile par principe au syndicalisme. N'y aurait-il
pas possibilité d'imaginer un moyen pour inciter les salariés
à plus s'intéresser aux activités syndicales, ne
serait ce que de voter lors des élections professionnelles ?
Nota : Dans ce sens, on peut différencier l'action syndicale dans l'entreprise, ou les DS et élus se doivent d'être au service des salariés de l'entreprise sans discrimination et celle en dehors de l'entreprise, où le syndicat est libre de suivre les règles qu'il se donne dans le cadre de la loi.. P : Il est dans l'intérêt
des entreprise de voir revaloriser la fonction syndicale, ne serait
ce que pour avoir des interlocuteurs de qualité. P : Chez IBM France,
quelle est la proportion de cadres, combien sont syndiqués, et
combien le sont à la CFE-CGC ? P : Comment
expliquez-vous une certaine désaffection pour le syndicalisme,
et en particulier pour la CFE-CGC ? Serait ce parce que nous sommes
plus attachés à notre métier et négligeons
notre fonction syndicale du même fait, ou parce que nous ne montrons
pas assez d'agressivité face aux directions ? Nota : Il est souvent difficile effectivement de faire comprendre aux hiérarchies que faire sérieusement du syndicalisme est une activité professionnelle, et qu'il faut en tenir compte dans la charge de travail qui leur est attribuée en dehors de leur action syndicale. P : Avoir de la visibilité
vis à vis des salariés de l'entreprise nécessite
qu'en dehors des actions auprès de la direction. , il soit passé
un temps important en communication avec les salariés. Faire
un tract, le distribuer, faire de la communication demande beaucoup
de temps et de savoir faire. Les militants syndicaux en particulier
ceux de la CFE-CGC ont généralement des postes de responsabilité
qui ne leur laisse pas forcément suffisamment de temps pour ce
faire. P : Distribuer un
tract à la sortie de l'établissement est un acte qui n'est
pas dans la culture des cadres pour diverses raisons, en particulier
l'historique d'un syndicalisme révolutionnaire, mais aussi par
crainte du regard des autres et de se faire critiquer par sa hiérarchie.* P : De fait la CFE-CGC est reconnue sur le plan national comme un syndicat catégoriel, mais il peut être aussi représentatif pour les autres collèges dans une entreprises, sous condition de démontrer sa représentativité (résultats aux élections). Il est exact qu'actuellement, de nombreux salariés non cadres demandent à intégrer nos syndicats et à être présentés par nous aux élections professionnelles, ce qui n'est pas toujours évident et la source d'un certain nombre de procès intentés par la CGT, pour non représentativité. P : Dans l'entreprise, le délégué syndical doit être au service des salariés. La désaffection des salariés pour le monde syndical en France a peut être pour origine leur division, ou le fait qu'ils n'ont pas suffisamment la parole dans les décisions. Par contre en ce qui concerne le " service aux salariés ", lorsqu'on se trouve en face de dossiers lourds, une demande d'adhésion et même de participation financière aux coûts engagés devient légitime. Mais il s'agit là d'un rôle qui va au delà du rôle d'élu. Nota : il y a souvent confusion entre le rôle de l'élu, qui représente le personnel et de ce fait a le devoir de le défendre, et celui du mandaté par le syndicat (DS et RS) qui a la charge de représenter son syndicat dans l'entreprise et auprès de la direction. Son action engage juridiquement le syndicat. Toutefois, ceci ne l'empêche pas d'intervenir pour la défense des individus, mais ce en harmonie avec la politique défini par son syndicat, auprès duquel il est sensé pouvoir recevoir un appui juridique quand nécessaire, et une formation afin de mieux pouvoir remplir son rôle. P : Il est très
compliqué pour ne pas dire généralement impossible
dans la plupart des entreprises de pouvoir avoir une évolution
de carrière normale et faire du syndicalisme. P : Vous avez dit
que vous aviez peu de visibilité vis à vis des syndicats
et des organisations de salariés. De par mon expérience,
je puis témoigner que les moyens dont disposent les organisations
des salariés n'ont rien de commun avec ceux dont disposent les
directions, en personnel, budget, possibilité de faire appel
à des spécialistes extérieurs etc
P : On constate effectivement dans notre entreprise filiale d'une " corporation " dont le siège est aussi aux USA, que les dirigeants de la branche française n'ont même plus le titre de directeur, et n'ont aucune latitude pour appliquer les directives reçues directement de la direction américaine. On imagine facilement l'ampleur de la difficulté qu'ils doivent rencontrer pour appliquer ces ordres ! P : Ne serait il pas
utile pour les DRH d'inciter leurs cadres et
leurs managers à se syndiquer ? Dans les faits, on
peut constater, lorsqu'on distribue des tracts aux sorties des tours,
que rarement ceux ci sont pris par les managers de l'entreprise, si
bien que parfois on se demande comment serait pris tant par les directions
que par leurs collègues et subalternes le fait qu'ils soient
ouvertement syndiqués. P : Par expérience, il n'est pas facile pour un chef de division ou de service d'afficher clairement une appartenance syndicale. De plus, vouloir mener une vie syndicale active en parallèle à une carrière professionnelle se révèle dans la majorité des cas un handicap pour l'évolution de cette dernière. Il faut dans bien des cas faire un choix entre un avenir professionnel qui aurait pu être brillant, et une participation à l'action syndicale. Dans les cas les plus extrêmes , la totalité de la vie professionnelle doit être sacrifiée pour des fonctions syndicales plus larges, allant au delà de l'entreprise. P : Vous nous dites
que la situation sociale va changer dans les mois qui viennent. Quelles
sont les changements et les causes profondes qui en seraient à
l'origine ? P : Avoir une activité
syndicale dans son entreprise peut aussi avoir des avantages, car elle
permet des contacts personnels au plus haut niveau de l'entreprise,
ce qui dans certains cas, peut aussi participer à faire évoluer
sa carrière personnelle. P : La presse (Le
Monde ) a soulevé le problème des notations chez IBM,
il y a quelques temps . Qu'en est il exactement ? P : Quelle est votre
politique dans le cadre des plans de préretraite ? P : On parle beaucoup
depuis un certain temps d'équilibre entre la vie professionnelle
et la vie privée. Dans la pratique, en particulier avec l'usage
des moyens de communication modernes (téléphone, Internet,
ordinateur portable), vont souvent dans le sens inverse, et les gens
se trouvent de plus en plus dérangés dans ce qui devrait
être leur vie personnelle et leur vie de famille, par des contraintes
ou des dérangements d'ordre professionnels, que ce soit tard
le soir, pendant leurs week-ends ou leurs congés. |