Intervention de Jean Luc Cazettes
LE
PROBLEME DES RETRAITES :
Les Français vivent de plus en plus
vieux, ils entrent de plus en plus tard dans la vie active.
Le "baby-boom est devenu le "papy boom".
Le rapport "Charpin" était basé
sur des objectifs hypothétiques en 2040.
Les prévisions actuelles se contentent de 2020, c'est
à dire sur une base démographique non plus hypothétique
mais connue.
Les négociations se sont ouvertes avec des clauses de "revoyures"
tous les 5 ans, ce qui est plus raisonnable.
L'évolution des régimes spéciaux, en particulier
dans le secteur public, sera négociée au sein de chaque
entreprise.
Pour la fonction publique, on compare des choses qui ne sont pas comparables.
S'ils partent avec 75% de leur salaire de base, celui-ci ne correspond
pas de fait à leur rémunération, qui inclut également
des primes, dont le montant atteint en moyenne 30% pour les cadres.
Le phénomène n'est pas uniquement hexagonal,
mais se retrouve à l'identique dans les autres pays occidentaux,
et en particulier aux USA.
Après la loi sur la retraite à 60 ans, une
réforme drastique a touché les règles régissant
les retraites du privé avec l'allongement de la durée
de cotisation et de la période de référence du
calcul du montant de la retraite de la sécurité sociale.
Rallonger encore cette durée est absolument inenvisageable, sauf
à mettre en
place un système, style la garantie de ressources, qui garantisse
à toutes les personnes qui ont été mises en dehors
de l'entreprise, qu'on ne les obligera pas à liquider leur retraite
avant d'avoir le taux plein.
Il faudra aller plutôt vers une évolution du mode de financement
de la retraite. Mais il est impératif que le lien soit conservé
entre les salaire perçus et le montant des droits à la
retraite.
(Nota : certaines arcanes de la CFDT proposent déjà
de verser des allocations de retraites en proportion inverse des salaires,
ou même de les déconnecter simplement (tout le monde au
minimum vieillesse...)
LA
CFE-CGC
FAIT DES PROPOSITIONS
POUR RESOUDRE LE PROBLEME :
Une des propositions de notre confédération
est d'examiner la possibilité de transfert
de la part de charges "patronales" concernant la
retraite (mais aussi éventuellement l'ASSEDIC et l'assurance
maladie) vers une "contribution à
la valeur ajoutée". Ces cotisations rentrent
actuellement dans le prix de revient des biens et des services, et elles
pèsent sur le coût du travail salarié. Elles sont
donc finalement payées par le consommateur. Par contre, les produits
importés de pays où de telles charges sont inexistantes,
se trouvent de fait en situation de concurrence "quasi déloyale".
Le phénomène risque de s'amplifier avec l'arrivée
dans l'U E de pays moins développés vers lesquels compte
tenu du moindre coût de la main d'uvre, on peut s'attendre
à une forte délocalisation.
Cette cotisation sociale sur la consommation, devra
être affectée immédiatement à son objet,
ce qui diminuera le coût apparent du travail, et favorisera les
entreprises de main d'uvre par rapport aux entreprises
à haut niveau capitalistique. Elle facilitera les exportations
car le prix de revient des biens et des services sera diminué
d'autant, et dans un même temps permettra à tous les produits
importés de participer au paiement de nos retraites, éventuellement
notre assurance maladie, etc
Nos gouvernants actuels envisagent pour encourager le
travail des plus anciens de faire des exonérations de cotisations
sociales pour les vieux, jeunes, créer des zones franches...
Il existe actuellement 130 milliards de Francs d'exonérations
de cotisations sociales, on va en rajouter 50 ou 60 avec les exonérations
sur les plus de cinquante ans. On ne sait toujours
pas comment cela sera financé. Aucun financement vraiment
pérenne n'est prévu pour financer ces réductions.
Il est temps de constater que tout cela résulte d'un problème
de coût global de travail qu'il faut régler globalement
par de nouveaux systèmes à imaginer et arrêter de
bricoler.
On peut valablement se battre pour le rachat
des années d'études parce que cela fait partie
de la contrepartie de l'allongement éventuel de la durée
d'activité, pour éviter que ceux rentrés à
vingt cinq ans après des études longues ne soient condamnés
à ne partir en retraite qu'à 70 ans ; mais les contraintes
financières imposeraient dans ce cas une mise en application
progressive sur plusieurs années.
La modification du financement devra prendre en compte
un certain nombres d'éléments qui ne font partie des salaires,
et donc n'entrent pas actuellement dans le calcul des retraites, tels
que participation, intéressement, stock
options, primes pour les fonctionnaires etc ...
Réunir une commission de travail avec les pouvoirs publics qui
pourrait examiner la faisabilité, les effets induits (en particulier
sur l'emploi) que l'on pourrait en attendre et les modalité d'application
d'un tel projet est possible et souhaitable.
L'harmonisation des retraite de la fonction publique peut s'envisager
avec une formule "donnant donnant", mais Bercy bloque pour
toute possibilité d'intégration des primes dans la masse
cotisable et la masse de calcul des pensions. Il faut donc trouver les
moyens de négocier. Les fonctionnaires de Bercy ne cherchent-ils
pas à faire échec à la négociation de manière
à ce que l'on ne touche en rien à leurs avantages personnels?
Quelle est la part, derrière les aspects
techniques, d'une volonté de maintenir des avantages personnels
plus ou moins justifiés ?
CONTRAT
D'ENGAGEMENT SOCIAL :
CANAL + a fait une émission sur le financement
des syndicats. Mettre en évidence le "bricolage financier"
auquel sont astreints les syndicats pour assurer leur existence est
une chose, mais il serait bon de réfléchir sur un véritable
statut du militant et
comment conjuguer activités professionnelles, syndicales ou politiques
d'engagement au sein de la cité.
Matignon est prêt pour créer un groupe de travail chargé
de réfléchir sur le " contrat
d'engagement social ". Il serait confié à
Jean-Dominique Chartier, conseiller social de Matignon, ancien directeur
général de l'UNEDIC. Il serait chargé de regarder
ce qui se fait dans les pays étrangers et de convoquer les partenaires
pour essayer de trouver des solutions dans ce domaine.
PRUD'HOMALES
:
Remerciements pour les actions menées et félicitations
pour les résultats prud'homaux. Les Hauts de Seine récoltent
le meilleur résultat de France avec 12,70% tous collèges
confondus.
20 départements font mieux que la moyenne nationale, (7 % au
niveau global) .
Reste à mettre un coup d'accélérateur pour permettre
à toutes les structures départementales d'être au
niveau d'IDF, qui se sont appuyées sur les sections d'entreprises.
Malgré cette mobilisation importante, les problèmes avec
notre imprimeur ont engendré de nombreux soucis, (98 millions
de bulletins à imprimer).
Résultat, plus de la moitié des électeurs n'ont
pas reçu de profession de foi. On peut estimer à plus
d'un point les conséquences de ces dysfonctionnements. De nombreuses
critiques ont été formulées concernant la préparation
de ces élections. Un examen plus détaillé en a
été effectué à posteriori, et on a pu constater
en effet de nombreux dysfonctionnements.
Bon nombre d'entre eux sont en effet imputables à l'administration
et à l'imprimerie.
Toutefois, de notre côté, il y a des progrès à
faire au niveau de certaines structures territoriales dont le fonctionnement
a manqué de professionnalisme et engendré de nombreux
retards.
STRUCTURES
CONFEDERALES :
Création
d'une FEDERATION DES RETRAITES :
pour permettre à ceux-ci de se regrouper. Le but est également
de mieux utiliser leur compétences et leur disponibilité
pour assurer un certain nombre de mandats, et suppléer au manque
de disponibilité des actifs en charge de mandats essentiellement
politiques (CPAM, URSSAF, etc...) et prendre pleinement en charge la
plupart des autres mandats, qui seront affectés à la responsabilité
de cette nouvelle fédé.
Modification
des statuts des UR, UD et UL :
Une AGE de la confédé doit statuer en mars (et en juin)
sur le sujet. Les UL doivent quand elles existent pouvoir vivre et se
développer en harmonie avec les UD, et avoir un statut permettant
leur existence matérielle (possibilité de recevoir des
subventions, avoir des locaux, etc...). Leur poids statutaire et juridique
sera donc renforcé. Par contre, le poids
"politique" des structures territoriales sera diminué
au profit des structures professionnelles. Un adhérent
adhère à une structure professionnelle, milite au sein
de celle-ci, mais peut travailler au sein de sa structure territoriale.
Ne vont dans les U D que ceux qui ont envie de s'investir au niveau
territorial et non pas de chercher une voix de plus pour faire passer
des candidats.
Dans la mesure du possible, les UD et les UL devraient être financièrement
autonomes. Ils perçoivent une partie du montant des
adhésions directes qu'ils réalisent, mais doivent utiliser
au maximum les possibilités de subventions venant des structures
territoriales (mairies, département, etc...
J'ai été un temps maire adjoint d'une ville de banlieue,
et par expérience, les associations, ou organismes tels que les
UL peuvent prétendre et obtenir des
subventions, mais à condition de bien montrer l'existence d'une
activité réelle, en particulier sur le plan
local. Encore faut il que ces subventions soient demandées, et
ce en temps voulu.
Nota : de plus en plus, les mairies
n'envoient plus systématiquement les dossiers de demande de subvention
à remplir. Il faut donc faire la démarche en mairie pour
les demander, et ensuite de les remplir en temps et en heure pour qu'ils
soient intégrés dans le budget municipal.
ACCORD
ASSEDIC PRERETRAITES :
Le nouvel accord national sur l'UNEDIC réduit de
50 à 36 mois la prise en charge du chômage pour les plus
de 50 ans.
Cette mesure, qui peut paraître plutôt défavorable
pour les salariés, a été prise volontairement pour
contrer l'utilisation par les entreprises de l'UNEDIC pour remplacer
les plans sociaux.
Depuis quelques temps, on assiste à la recrudescence de licenciements
de salariés âgés de plus de cinquante ans, en contournant
l'amendement Delalande par des qualifications de " licenciements
pour faute ".
Quelles que soient les mesures de protection
mises en place, on constate généralement qu'elles fonctionnent
dans un premier temps, mais sont rapidement contournées par les
entreprises.
Plus on transfère sur la collectivité le coût du
départ des plus de cinquante ans plus les entreprises s'engouffrent
dans ces transferts.
L'allongement de la durée d'indemnisation a incité les
entreprises à en abuser, et ce souvent à la demande des
salariés eux-mêmes. En restreignant cette indemnisation,
les entreprises se heurteront à la réticence des salariés
et auront moins de facilité à licencier des salariés
âgés.
On est en train de voir avec les pouvoirs publics la possibilité
d'augmenter le taux d'activité des plus de cinquante ans, éventuellement
par des exonérations de cotisations sociales.
L'amendement Delalande est l'exemple type du détournement
d'une loi de son but initial. Parti d'une très bonne
initiative imaginée pour pénaliser les employeurs qui
licencient les plus anciens de leurs salariés, très rapidement,
les entreprises n'ont plus voulu embaucher
personne au-delà de quarante cinq ans, par crainte
que cela ne leur coûte trop cher au cas où ils devraient
s'en séparer après cinquante ans.
Autre conséquence, on constate désormais que les employeurs
ne font plus de licenciements économiques mais des "licenciements
pour faute", en expliquant au salarié qu'il a tout intérêt
à accepter la transaction proposée.
Conclusion :
L'amendement Delalande doit être supprimé.
Aujourd'hui, il ne sert plus à rien; il n'empêche pas le
départ des anciens mais en plus il interdit l'embauche à
partir d'un certain âge et il ne rapporte rien puisqu'il est systématiquement
contourné.
Constatation très générale
tout système mis en place est plus ou moins rapidement
contourné. La meilleure solution est alors de l'abandonner. Les
systèmes trop protecteurs finissent toujours par être destructeurs.
REPRESENTATIVITE
:
Après les élections prud'homales, une deuxième
échéance se pointe avec les élections par branche
professionnelle.
La question de validité d'accords signés
par un syndicat minoritaire va se poser, à la demande
de la CGT et de la CFDT.
En juillet 2001 un accord avait été signé avec
le MEDEF, (il y avait quatre O.S. sur cinq) dans lequel on avait réussi,
après recherche de consensus, à décider que l'on
peut continuer à signer des accords dans les conditions actuelles,
avec un droit d'opposition ouvert, au niveau de la branche s'il y a
un nombre d'OS supérieur qui demande l'abrogation d'un accord
signé par un nombre minoritaire d'organisations, et au niveau
de l'entreprise si les organisations majoritaires aux élections
y faisaient opposition.
La signature d'un accord est toujours le résultat
d'une négociation et d'un compromis.
Dans tous les cas on en trouvera qui s'affirmeront être opposés
à celui-ci sous prétexte que l'on aurait pu obtenir plus,
ou que l'accord est contraire à leur idéologie. On voit
beaucoup plus rarement ces mêmes "opposants" refuser
les avantages acquis par l'accord, ce qui de fait correspond à
une abstention de leur part.
Une
obligation de signature par les "majoritaires" aurait conduit
à ce que près de 80% des accords en vigueur n'aient jamais
vu le jour. Ce serait la fin d'une véritable politique contractuelle.
Le projet d'élections professionnelles à
un tour ouvert à toute organisation syndicale légalement
constituée proposée récemment est extrêmement
dangereux. Pour constituer légalement un syndicat, il suffit
de trois personnes qui en font le dépôt en préfecture.
Dans n'importe quelle entreprise ou les syndicats sont peu ou pas présents,
le patron pourra créer son syndicat avec lequel il aura tout
loisir de négocier. CFTC et FO ont rejoint notre opposition à
ce projet.