INTERVENTION
DE Mme MARIE-CHRISTINE OGHLY
Présidente de la Délégation des
Hauts-de-Seine des " Femmes Chefs d'Entreprises "
Salariée chez ELF pendant quelques mois, j'avais l'impression
de démarrer quelque chose sans savoir comment cela allait aboutir.
Puis pendant 5 ans j'ai travaillé dans une PME (de 20 personnes)
qui démarrait en France dans le domaine des logiciels informatiques.
Les actionnaires ayant changé on m'a demandé au pied levé
de remplacer le directeur partant. J'avais 29 ans et pas d'expérience
de direction.
Me retrouvant avec mes anciens collègues à la tête
de l'entreprise, je n'ai pas eu une attitude de chef d'entreprise telle
que vous pouvez la concevoir ou telle que j'avais pu la connaître
chez ELF.
J'ai quitté cette société pour créer la
mienne en 1992. J'ai toujours gardé l'esprit d'équipe.
J'ai rejoint l'association des Femmes Chefs d'Entreprises en 1994.
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INTERVENTION
DE Mme MARTINE JOLY
Présidente Nationale des Femmes Chefs d'Entreprises.
Notre Association :
Elle a
été créée
en 1945 (époque où la création d'une association
de femmes était interdite) par Mme FOUANANT.
Elle a été obligée d'y intégrer des syndicats
dirigés par des hommes. Mme FOUANANT a eu l'idée de créer
à Paris cette association car elle avait été amenée
a reprendre en 1924 une entreprise familiale de Maître de Forge
suite au décès de parents.
En 1945, elle a considéré que les femmes allaient se retrouver
dans la même situation qu'après la guerre de 14-18. Se
souvenant des difficultés rencontrées et forte de son
expérience, elle a souhaité créer une association
pour aider les femmes qui se trouvent à la tête d'entreprises
malgré elles et, sans y être préparées.
Très vite la délégation de Marseille a été
créée, puis celle de Bordeaux.
Aujourd'hui nous sommes 40 délégations en France (DOM-TOM
compris).
Ensuite elle a créée d'autres délégations
au plan européen. La Belgique puis l'Allemagne en 1950.
Elle avait su faire L'Europe.
Elle a été la première femme à entrer à
la Chambre de Commerce de Paris, la première femme pour qui on
a créé un siège au CNPF.
Une femme remarquable qui s'est battue pour les employés, pour
la formation.
Elle a essayé de développer l'apprentissage.
En résumé une femme précurseur. Aujourd'hui on
n' a pas vraiment changé d'objet ; nous sommes des militantes
patronales dans les organisation paritaires. Marie-Christine OGHLY siège
au TASS, moi-même, je suis Présidente des ASSEDIC de Paris.
J'ai été Conseiller Prud'homme pendant 15 ans. Je suis
administrateur du GARP.
L'association représente 400 mandats.
Ce sont des femmes qui sont responsables financièrement de leur
entreprise. On a un faible pourcentage de femmes cadres supérieurs
ayant des responsabilités de dirigeants.
Actuellement nous comptons 3.000 membres en France, essentiellement
des PME (entre 10 et 20 salariés).
Les femmes qui adhérent aujourd'hui à notre mouvement
ont plutôt des entreprises presque sans salariés (car elles
démarrent) dans des domaines d'expertise ou de nouvelles technologies.
Mais créer son emploi aujourd'hui c'est déjà intéressant.
Nous sommes présentes dans 34 pays sur les 5 continents
: Europe, Etats-Unis, Canada, et même l'Afrique où nous
sommes très représentées. L'Asie plus difficilement,
car au Japon les femmes Chefs d'Entreprises commencent seulement. Nous
nous retrouvons une fois par an dans le cadre d'un congrès mondial.
En France nous organisons un congrès tous les 2 ans. Il aura
lieu en Novembre à Reims, avec comme thème " Le Tutorat
et l'Apprentissage ". Au congrès mondial nous abordons des
thèmes plus généraux.
Notre population des Femmes Chefs d'Entreprises exporte aujourd'hui
à hauteur de 30% à 40%. Cela leur permet de voir ce qui
se fait ailleurs, de découvrir certains marchés. C'est
une ouverture vers le monde extérieur.
Notre organisation :
Nous sommes toutes bénévoles. Nous n'avons aucune subvention,
nous nous auto-gérons avec les cotisations des membres.
La cotisation moyenne est de 600 Frs. Nous avons voulu volontairement
des cotisations faibles pour permettre à tout le monde, y compris
à des commerçantes, d'y accéder.
Au niveau national la structure est composée d'un bureau de 10
personnes et de chargées de missions. Exemple : SOS Prud'homme,
Commissions Internet, Europe, Congrès. Les 40 Présidentes
de Délégation se réunissent en Comité 4
fois par an.
Les décisions sont proposées et en principe adoptées
presque à l'unanimité.
Aujourd'hui les femmes représentent 6% des mandats alors que
les Femmes Chefs d'Entreprise représentent 27% de la population
des chefs d'entreprise (30% en création). Aux Etats-Unis elles
sont 52% en création d'entreprises. Une grosse partie de l'emploi
est créée par des femmes aux USA, alors que les chefs
d'entreprises hommes ont stagné dans le recrutement. Moralité
pour régler le problème de l'emploi il faut que les femmes
créent des entreprises.
En France on est en train de se rendre compte que l'emploi
est créé par les PME-PMI.
Depuis le début de l'année 5 chefs d'entreprises de secteurs
aussi différents que la cartographie, le textile avec, des effectifs
de 60 à 80 personnes sont venues me voir pour dépôt
de bilan, sans possibilité de faire un plan de continuation car
les 35 heures les laminent.
C'est dommage de voir des fleurons disparaître. J'estime qu'on
a perdu des cadres de valeur, d'expérience, dévouées
à leur métier.
Je suis choquée lorsque je vois que l'accord de Mme AUBRY permet
par le programme ADI, le départ à 52,5 ans. Je me suis
investie dans le paritarisme car j'avais envie de connaître notre
organisation en France sans l'apprendre par les journaux.
J'ai une entreprise d'audit de 30 personnes.
L'auditeur financier ne regarde pas toujours ce qui se passe au plan
social. Un peu plus actuellement, car on est amené à examiner
les problèmes d'organisation du travail dus à la RTT.
J'ai voulu faire un audit social quand je suis arrivée aux ASSEDIC
de Paris. Il y a aujourd'hui un problème de compétence.
La génération des plus de 50 ans est souvent
composée de personnes peu diplômées qui se sont
formées sur le terrain.
Elles ont tout donné, elles ont inventé, ont été
astucieuses. C'est dégradant pour ces personnes d'être
remerciées à 49 ou 52 ans. Ces gens avaient un rôle
à jouer dans notre société en aidant, les jeunes
qui arrivent aujourd'hui et qui ne sont pas formés.
Les grandes écoles sont prisées.
Aux USA un débutant perçoit le double du salaire qu'il
aurait en France ; et 25% de moins d'impôt.
On a manqué notre apprentissage. Si on avait mis en apprentissage
certains jeunes à 14 ans ils auraient appris un métier.
Ils n'auraient pas été en déshérence entre
14 et 16 ans parce que les études ne leur plaisent pas. Ils se
seraient formés sur le terrain et aujourd'hui auraient pu nous
remplacer. On a raté cette évolution. Pendant combien
de temps va-t-on le payer ?
On n'a pas pris le temps de former les jeunes. On n'a
pas pris le problème en amont.
A la SNCF la retraite est entre 50 et 55 ans. L'entreprise formait son
personnel dans sa propre école, aujourd'hui ce n'est plus le
cas.
Il y a des Bac +2 sur les quais. On se demande ce qu'ils font. Ils ne
sont pas formés et ne le seront pas plus dans 5 ans.
Dans le même temps nos cadres de qualité sont partis, parfois
dans des conditions difficiles.
Dans certaines branches, les cadres ont peut-être été
un peu trop payés. Je pense, que si l'on avait dit à ces
cadres ; on vous demande un effort, on ne vous licencie pas. On baisse
votre salaire et vous vous engagez à former un jeune. 80% auraient
été d'accord